Cette nuit, il y a trente ans, des habitant.e.s d’Allemagne de l’Est ont franchi un mur qui avait façonné leurs existences pendant trois décennies. En quelques heures, leur horizon s’est profondément modifié. Quelques mois avant, il y a trente ans, la Région de Bruxelles-Capitale émergeait de notre délicieuse lasagne institutionnelle. Au mois de juin, une nouvelle assemblée était élue au suffrage universel dotant la Région d’un Parlement représentatif flambant neuf pour organiser la vie sur le territoire bruxellois.
Pour plus d’un.e Bruxellois.e sur trois, ces deux évènements font partie du récit, ils nous ont été racontés par d’autres. En effet, les moins de trente ans, qui composent près de 40% de la population bruxelloise (comme la plume de cet édito), n’ont pas vécu ces deux moments historiques. Nous n’avons pas grandi dans cette dualité du monde et dans cette logique de bloc, nous sommes presque né.e.s avec l’Union Européenne et sa vision rassembleuse (et nous avons échappé à quelques négociations institutionnelles).
Trente ans plus tard, nous avons désormais 40.000 kms de murs autour de la terre qui séparent des familles et stigmatisent des peuples, nous crions toutes les semaines pour rappeler à l’Europe le nom des milliers de personnes qui décèdent en tentant de rejoindre notre territoire, et nous peinons à imaginer un futur au niveau fédéral.
Au coeur de l’Europe, voisins des institutions qui utilisent l’épouvantail migratoire pour briser les solidarités et cette collectivité européenne que nous peinons à construire, Bruxelles a une responsabilité fondamentale : celle de montrer que nous gagnons à faire tomber les murs petits et grands, physiques et mentaux, qui nous séparent les un.e.s des autres. Le gouvernement bruxellois l’a bien compris en adoptant hier matin un financement structurel pour les solutions d’hébergement et d’accueil d’urgence des migrants en transit.
Quatre murs (et un toit)… pour recréer un nouvel horizon.
Marie Lecocq, Vincent Vanhalewyn, Emre Şumlu
Co-président.e.s de la Régionale Ecolo Bruxelles