Yasmina Ben Haddou (directrice du cabinet de la Présidente du parlement francophone bruxellois, Magali Plovie):

Militante ECOLO depuis un peu plus de 10 ans, elle se retrouve particulièrement bien dans la façon dont le parti traite les questions de gouvernance, les enjeux de justice sociale et de justice environnementale ainsi que le rapport aux minorités qui vise à favoriser leur émancipation sans verser dans le paternalisme. Ne pas définir pour les autres ce qui est le « mieux » mais les accompagner et les soutenir dans leurs choix.

La Régionale : y’a-t-il des avancées législatives récentes qui te boostent sur la question de l’égalité de genres ?

YBH: avec la montée au pouvoir des écologistes à Bruxelles, je ne peux m’empêcher de citer la levée de l’interdiction des signes convictionnels pour les étudiant·e·s de l’enseignement supérieur et de promotion sociale de la Cocof. Portée par Zakia et Alain, nos négociateur·trice·s bruxellois·e·s, cette avancée inscrite dans l’accord de majorité visait à mettre fin à une discrimination dans l’accès à l’enseignement de femmes majeures. Même si cela ne concerne que quelques écoles sur le territoire bruxellois, je suis ravie de voir que d’autres réseaux d’enseignement ont emboîté le pas récemment. Depuis le Parlement francophone bruxellois où je travaille comme Directrice de Cabinet de Magali Plovie, sa Présidente, nous faisons aussi bouger les lignes pour davantage d’égalité. Avec la création des commissions délibératives réunissant citoyen·ne·s et parlementaires, nous avons été très attentives aux questions d’inclusion de tous les publics, en prévoyant un défraiement, un système de garde pour favoriser la participation des familles monoparentales, des facilitateur·trice·s multilingues, une aide pour les personnes en situation de handicap, etc.

 

 

 

 

 

Samantha Crunelle (cheffe de cabinet d’Olivier Deleuze):

 

Agée de 43 ans, arrière petite-fille de député communiste italien ayant fui le fascisme, elle a grandi dans les Marolles, et au Sablon, dans un milieu inclassable et passionnant (suivant ses propres dires), où elle a su ce qu’était, tantôt, la précarité financière mais aussi l’aisance culturelle et affective et, tantôt, ne pas avoir à compter beaucoup ses sous. Installée depuis presque 20 ans à Watermael-Boitsfort, elle a exercé en tant que professeure avant d’occuper plusieurs postes, dans le secteur privé. Mais, petite, sa tante lui avait raconté que, dans les années 50, alors qu’elle avait réalisé une dictée parfaite, la maîtresse lui avait dit qu’une étrangère n’aurait jamais le maximum. Une phrase dont la violence inouïe, tout ce qu’elle impliquait et les combats que cela engendrait n’ont jamais quitté Samantha. Impliquée depuis son adolescence sur divers enjeux et défis, il lui manquait ce quelque chose qui lui permettait de se sentir utile au monde.

La Régionale : tu travailles dans un milieu très masculin (les bourgmestres sont presque tous des hommes ainsi que les chefs de cabinet (mais pas chez nous !), les chefs de corps de la police, etc.), le ressens-tu dans ton travail? Dois-tu mettre des stratégies spécifiques en place par rapport à cela ?

SC: après avoir travaillé dans une série de milieux très très masculins (cabinet d’avocats, d’ingénierie, d’architecture, cabinet politique, que de cabinets !), j’ai de la chance ici, je suis entourée d’alliés, à commencer par Olivier. Les femmes sont majoritairement présentes dans tous les postes de direction à la Commune, et au Collège. On partage beaucoup, on se renforce, on pense constamment (entre autres) aux femmes dans les choix politiques, notre intelligence collective se travaille de façon égalitaire. Dans mon travail et ma militance, je tente de ne jamais négliger celles et ceux qui ne sont pas autour de la table, en ce compris le monde du vivant. Faire en sorte que personne ne soit oublié dans les décisions, que chaque personne ait droit au maximum à sa dictée. Dans mon parcours professionnel, j’ai souvent senti que je menais des rôles professionnels assignés plutôt aux hommes, mais je savais que je faisais, doucement et humblement, bouger les lignes pour celles à venir. Un truc que j’ai appris un peu tard peut-être : exprimer. Quand c’est trop, quand c’est pas juste ou déséquilibré ou inconfortable avec sa vie personnel, le dire. Si on est dans un milieu bienveillant, il n’y a aucun souci à l’exposer et trouver des aménagements, ma génération n’a pas été habituée à se le permettre peut-être, mais c’est ok.

 

 

 

 

 

Anne Rabatti (conseillère CPAS à Molenbeek-Saint-Jean):

 

Anne se définit comme une femme de 55 ans, maman célibataire, grand mère, lesbienne, issue de l’immigration marocaine et espagnole une vrai Zinneke, et donc Bruxelloise. Assistante sociale de formation, elle a à son actif plusieurs formations en lien avec le champ social, importantes pour son évolution et pour son regard sur la société. Elle est conseillère CPAS, membre du Comité d’action sociale et du Comité Spécial du Service Social .

La Régionale : penses-tu que les femmes apportent une plus-value spécifique au conseil de l’action sociale ? Si oui, laquelle ?

AR: nous avons une femme comme Présidente du CPAS , une femme de droite certes, mais une femme plus à gauche que ses collègues masculins, qui gère le CPAS comme une entreprise, alors que la nouvelle Présidence semble gérer le CPAS comme une entreprise à finalité sociale. Je regrette que nous n’ayons pas plus de Présidentes CPAS au sein d’Ecolo. Ce que je remarque c’est que dans tous les partis lorsqu’il est question de mandat CPAS cela semble plus intéresser la gente féminine que masculine, exception faite de la Présidence. Je suis conseillère dans l’opposition mais pas inactive. Au Comité Spécial du Service Social, j’amène des réflexions qui peuvent aboutir à une discussion plus en profondeur. Par exemple, sur l’opportunité que nous avons de plaider pour qu’un couple qui perçoit le RIS au taux chef·fe de famille soit scindé. Car on peut s’apercevoir qu’en général lorsqu’il y a un passage de deux RIS au taux cohabitant en un RIS au taux chef·fe de famille, c’est le conjoint qui bénéficie de ce taux, rendant sa compagne dépendante.