Pascale Barret et Adrien Volant, outre leur militance au sein d’Ecolo, sont particulièrement engagé·e·s dans le domaine culturel et artistique. Une rencontre en musique…

Quelles difficultés avez-vous rencontré, durant la crise sanitaire, pour exercer votre activité culturelle ? Aussi, quelles sont vos attentes à ce sujet ?

Pascale: la crise sanitaire a coupé net toutes activités présentielles de la culture. Comme j’expérimente depuis plus de 10 ans la performance sur les Internets, j’ai proposé de coorganiser des évènements comme les sessions de poésie Equinoxe(s) avec la fondation Thalie. J’ai la chance de travailler en collectifs et de pratiquer le distanciel pour ne pas avoir été trop perturbée, la chance de bénéficier de la protection du statut d’artiste pour ne pas m’être retrouvé précarisée comme bon nombre de mes paires.

Sortie de l’état de sidération, j’ai compris qu’il n’y aurait pas de « retour à la normale », nous devrons vivre et inventer avec les situations que nous avons provoquées. Comme pour la culture, les liens sociaux sont essentiels, cette crise a transformé mon réseau professionnel et privé avec une conscience accrue de bienveillance et le besoin de préserver l’attention et l’entre-aide. Je me suis engagée concrètement dans une coopérative, l’Eco lieu la Brikterie, avec l’idée d’accélérer plusieurs rêves dont celui de fonder une résidence pour artistes en résilience.

On voit fleurir des espaces de créations safe en ville comme en milieu rural, j’aime me dire que l’épreuve est une chance à saisir pour aller plus loin dans nos convictions, dans le changement de paradigme, nos manières de penser et d’être ensemble.

Adrien: fin 2019, j’ai sorti un album en compagnie d’un saxophoniste que j’avais rencontré à New-York quelques années plutôt. Nous venions de conclure une tournée de présentation du disque quand la pandémie a frappé la Belgique de plein fouet, contraignant les lieux culturels à une longue apnée. J’ai du faire face à l’annulation de 16 dates dont des festivals, une tournée au Japon prévue en août… C’est évidemment très frustrant. La musique n’étant plus mon activité professionnelle principale depuis quelques années, je m’estime cependant chanceux d’avoir pu continuer à travailler et percevoir un salaire, la situation étant nettement moins facile pour mes collègues artistes et technicien·ne·s du spectacle qui vivent exclusivement de la scène.

Conseiller communal à Ixelles, j’ai pu travailler avec nos échevin·e·s écologistes de la culture à Bruxelles et avec nos député·e·s à la région Lotte Stoops, Mateo Segers et Pierre-Yves Lux afin de présenter 10 mesures concrètes visant d’une part à atténuer au maximum les effets actuels de la crise sur le secteur, et d’autre part à anticiper les obstacles et les opportunités pour la suite. Il était nécessaire d’agir à tous les échelons possibles, et je suis heureux qu’un bon nombre de ces idées aient été appliquées dans les communes où nous avons la compétence de la culture.

Je conclurai en disant que, si pour un·e artiste les temps morts ont bien une vertu, c’est celle de lui permettre de se recentrer, se questionner, imaginer et créer. Le confinement m’aura permis de composer huit nouvelles pièces pour un nouveau projet musical que j’attends impatiemment de mettre en récit maintenant que les perspectives commencent à s’entrevoir !