Mardi, nous serons le 30 juin. Ce ne sera pas un 30 juin comme les autres, puisqu’il marquera les 60 ans de l’indépendance du Congo, ancienne colonie Belge.

   Depuis des années, les écologistes militent pour un dialogue des mémoires et une lecture historique qui réfléchisse les atrocités commises. L’objectif est de repenser le récit historique en prenant compte de l’effet de l’occultation partielle -ou tout du moins la minimisation- de l’Histoire (qui prédomine encore) sur les belges afro-descendant.e.s. Pour Ecolo, le passé doit être assumé dans toutes ses facettes. Ce n’est qu’à ce prix que les regards et les mentalités pourront enfin changer. De nombreuses pistes s’ouvrent à nous : de la mise en contexte, au déplacement des œuvres dans des musées où leur valeur pédagogique pourra être la mieux mise en valeur ; mais aussi la création artistique, le dialogue interculturel et par les dispositifs d’enseignement et d’éducation permanente.

   A la Régionale, nous avons décidé de laisser cet espace de parole aux premiers et premières concerné.e.s, et de recueillir quelques mots de jeunes afrodescendant.e.s engagé.e.s !

    « Cette 60ème célébration, est une invitation. Puisons à souhait dans cette formidable source d’inspiration que constitue la lutte pour l’indépendance ! À l’évidence, cette épopée vers l’auto-détermination, transcende les frontières congolaises. J’en ai la conviction, chaque combat mené au nom de la dignité d’un peuple est un combat au service de l’humanité. Aujourd’hui, l’heure n’est ni à la fatalité ni à la comparaison. Fantasmer un autre destin que le sien n’a jamais aidé aucune cause. Le nôtre n’attends que ses enfants pour se saisir de lui. En attendant, chantons nos héros, chantons le Congo ! » Amory Lumumba, petit-fils de Patrice Lumumba

    « Nous héritons tou.te.s de ce système colonial qui aujourd’hui structure encore profondément nos rapports sociaux, notre imaginaire collectif et donc notre société. 60 ans après la fin formelle de la période coloniale belge, des formes les plus insidieuses aux plus apparentes, nous, Afrodescendant.e.s vivons encore ces expériences douloureuses et violentes que sont le racisme et les discriminations. Cet héritage colonial si bien entretenu, tantôt en fermant les yeux, tantôt en les détournant, blesse, exclut et ferme des portes. Il nous fait peiner à trouver notre place et à nous sentir à l’aise dans notre société. Aujourd’hui, 60 ans nous rappelle qu’il est plus que temps de regarder en face. Nous ne pouvons plus perpétuer cet héritage, il faut que ça change. » Aurélie Sapa, militante & conseillère communale Ecolo à Watermael-Boitsfort

   « Les 60 ans d’indépendance du Congo resonnent en moi comme une nouvelle occasion de regarder en face nos relations Nord-Sud et de constater à quel point l’indépendance des ex-colonies est encore trop souvent juste nominative et vidée de sa substance. Toutes ces dynamiques sont interconnectées et influencent notre quotidien. L’actualité démontre une nouvelle fois à quel point l’histoire de notre mémoire collective si elle n’est pas traitée pour ce qu’elle est, à savoir le ciment d’une partie de nos socles de valeurs, nous reviendra inévitablement au visage tel un boomerang. C’est en ça que le processus global de déconstruction de la propagande coloniale et la décolonisation des mentalités est vitale à nos sociétés. » Stéphanie Ngalula Mukadi, militante écologiste, féministe intersectionnelle et activiste décoloniale

    Les liens entre l’écologie politique et la colonisation sont évidents. En effet, si la colonisation et l’imaginaire raciste qui en découle et persiste aujourd’hui laissent des traces sociales, les systèmes économiques, géopolitiques et de productions sont toujours teintés de colonialité et agissent de manière dévastatrice sur l’environnement des pays du Sud. Pour ne citer qu’un exemple, le plus parlant est sans doute celui des dettes coloniales, sur laquelle notre député fédérale Séverine de Laveleye est très active : pour les rembourser, les pays anciennement colonisés sont contraints de brader leurs ressources naturelles (raison pour laquelle ces pays ont d’ailleurs été victimes d’assauts coloniaux) aux grandes entreprises transnationales. Il s’agit donc non seulement d’un enjeu de justice au sens strict, mais également de justice environnementale et climatique !

 

L’équipe régionale