Rosalie Mogenet, Conseillère politique au parlement bruxellois

 

 

Pour (me) situer en deux mots : je suis arrivée au Parlement bruxellois au sein du groupe Ecolo en janvier 2019, juste avant les élections.

 

Mon intérêt pour l’alimentation et les nombreuses questions de société qui gravitent autour du sujet a commencé avec l’entrée en kot, à Louvain-la-Neuve; je mangeais mes « grosses tartines au choco » quand ma colocataire, pour des raisons de santé, devait manger des légumes au petit-déj. Tiens, tiens, l’alimentation et la santé auraient donc un lien direct ? A 18 ans, il était temps de me poser la question. L’autonomie dans le choix de mon alimentation arrivait avec l’entrée en kot étudiant.

 

Quelques mois plus tard, à la suite d’un pari en soirée, j’ai décidé avec une copine de ne pas manger de viande pendant deux mois, pour l’expérience, par curiosité. J’étais loin d’imaginer que faire le choix de ne pas manger de viande, en société, impliquait d’emblée de devoir se justifier et inévitablement se renseigner sur le sujet. D’ailleurs, quitte à m’etre pretée à l’exercice, je n’ai jamais cessé d’etre végétarienne depuis lors.

 

La dimension politique de l’alimentation s’est concrétisée d’abord via les cycles de « cuisine écologique et politique » avec Rencontre des continents. Ces séances nous ont permis, en groupe, de questionner notre regard sur l’alimentation, d’ouvrir la réfléxion à une approche systémique de l’alimentation et de, finalement, tester de nouveaux réflexes culinaires.

 

Ensuite, avec Quinoa, j’ai ajouté une dimension de terrain belge puis internationale à l’agro-écologie. En groupe, nous avons été dans des fermes en Belgique, puis aux Phippines soutenir une association locale qui propose aux communautés paysannes phillpines des formations sur les thèmes de l’agriculture durable, la réforme agraire et l’accès à la terre, la protection environnementale, les soins de santé alternatifs… Leur mission étant de fournir des outils et du soutien aux initiatives locales afin de provoquer un changement social et des conditions de vie meilleures.

 

Au Parlement bruxellois, actuellement, j’expérimente une nouvelle dimension de l’alimentation: sa politisation et parlementarisation, si je puis dire. Je pense que si l’aide alimentaire reste malheureusement nécessaire pour l’instant, à terme, l’objectif est bien de mettre en place des solutions qui augmentent la capacité d’autonomie pour les « mangeurs », plutôt que de perpétuer des systèmes de dépendance et de subordination, comme le FDSS par exemple le rappelle souvent. (voir à ce sujet l’excellente expertise : D. Myaux, Aide alimentaire- les protections sociales en jeu, 2019, éd. Académia).

 

 

 

 

 

Antoinette Brouyaux, Militante ixelloise

 

 

Militante Ecolo depuis 1991, je travaille à l’Association21, qui est une coupole d’associations actives dans le développement durable.

 

Pour moi, il y a une démarche de toute une vie derrière mon action en faveur de l’alimentation durable, je défends les mêmes valeurs et pratiques dans ma vie professionnelle, en tant que militante et dans les gestes du quotidien.

 

Dans cette optique, je suis membre de systèmes d’achats groupés depuis 1998. En ce moment, je suis membre du potager collectif Grey-Couronne, mais également de deux GASAP (groupe d’achats solidaires de l’agriculture paysanne) ainsi que de la coopérative Agricovert. Avec tout cela, lorsque je dois compléter mes achats, je me rends dans magasins engagés pour le zéro-déchet, l’agriculture biologique et/ou les circuits-court tel que FÄRM ou The Barn.

 

J’appréhende les choses de manière transversales, à travers le prisme de la cohérence des démarches. Je ne me bats pas uniquement pour l’agriculture mais également pour les droits des paysanset paysannes,pour la relocalisation de l’économique,pour la justice Nord-Sud… car tout est lié. Ce qu’il y a dans notre assiette et les conditions de travail de celles et ceux qui produisent ces biens sont finalement la base de notre vie.

 

J’espère qu’Ecolo restera attentif à ce que, au-delà de l’effet de mode, la question de l’alimentation durable ne serve pas d’écran de fumée. Il faut que les produits soit biologiques, certes, mais pas au prix de sacrifier les producteurs et productrice ou à celui de favoriser des modèles économiques qui sortent complètement de la logique des circuits-courts.Par exemple, à mon échelle il est important pour moi de soutenir des coopératives aux mains des producteurs et productrices pour que les décisions soient de leur prérogative et que la question du juste-prix reste centrale.

 

De la même façon, il y a encore du travail pour que les biais qui empêchent certains publics d’avoir accès aux outils d’aide tels que les subsides publics soient levés. En effet, il n’est pas donné à tout le monde de pouvoir remplir des dossiers et de maîtriser les requis administratifs sans accompagnement suffisant.

 

Je me réjouis de voir toute une série de projets qui vont dans le bon sens, y compris certains qui s’inscrivent dans les circuits de consommation mainstream. C’est comme avec le vélo, je suis très contente …mais comme j’étais habituée à rouler relativement seule, il faut s’habituer à partager les pistes avec tout un tas de cyclistes !

 

De la même façon, c’est très bien d’être de plus en plus nombreux et nombreuses à changer de monde de vie et/ou à se reconvertir, lancer des collectifs.. (parfois de façon bien plus radicale qu’avant, notamment chez les jeunes)… maintenant l’enjeu, c’est de tenir dans la durée !