Núria Bordes (militante à Woluwe-Saint-Lambert)

Militante Ecolo depuis 2012, je n’ai jamais caché que je suis malentendante car il faut le dire si on souhaite que les autres en tiennent compte.

Cependant, il est important de revendiquer ici mon statut de femme dynamique et entreprenante, qui est la raison pour laquelle je me suis engagée avec enthousiasme dans cette aventure qui me passionne : la politique. C’est mon engagement politique qui me pousse à apprendre et m’incite à rentrer dans des sujets que je croyais trop techniques pour moi et à exploiter la créativité que j’ai en moi.

Depuis 2018, je suis conseillère communale dans l’opposition à Woluwe-Saint-Lambert, un poste que j’adore !

En tant que conseillère communale, il n’est pas toujours facile d’accepter de ne pas tout entendre ou d’en perdre la moitié. De plus, pour les autres, ce n’est pas évident car cela ne se voit pas. On peut demander une fois à l’orateur d’articuler davantage et il va le faire, mais très vite reprendra sa manière de parler.

Depuis le début, j’ai pris ma mission de conseillère très à cœur. J’ai interpellé et je suis intervenue sur des sujets différents mais celui qui me tient le plus à cœur et pour lequel j’investis toute mon énergie, est l’égalité des chances dans le sens le plus large (hommes, femmes, enfants avec plus ou moins de moyens, avec plus ou moins de besoins spécifiques). Dès lors, je vais à la recherche de tout ce qui peut m’aider et aider les minorités. Je suis donc active au groupe de travail Handicap Ecolo, le groupe de travail Mobilité pour tous « Trip » et j’établis des liens avec des échevinats en charge du sujet pour Ecolo, des associations mais aussi des habitant·e·s de Woluwe-Saint-Lambert que je rencontre.

Si cette limitation, met parfois à mal mon désir de communication, ce n’est pas elle qui m’arrêtera dans ma fonction de conseillère communale ou autre !

 

 

 

Alice Jorge (militante à Molenbeek-Saint-Jean) 

Un portait de moi? Un témoignage? Comme d’autres femmes et hommes, bon nombre d’éléments font de moi celle que je suis.  L’un d’entre eux, souvent remarqué rapidement par les personnes qui me rencontrent, est le fait que je me déplace en fauteuil roulant. 

Dépendant d’où je me trouve, Namur, Bruxelles, Gand ou Bath (en Angleterre), mon interlocuteur (trice) considèrera cet élément comme très important ou moins important. Pourquoi ? Pas parce de manière innée, dans certains pays ou certaines villes, les gens seraient ouverts d’esprit. Mais plutôt grâce à des politiques et réglementations volontaristes qui, au fil du temps, ont exercé une influence sur la configuration de l’environnement de ces personnes.

Par exemple, dans les trois villes belges citées, il est rare que le fauteuil roulant ne soit qu’un détail. Les obstacles à l’entrée des lieux publics (écoles, théâtres, cinémas, cafés, restaurants,…) et transports, font que l’aide d’une tierce personne est souvent nécessaire pour imaginer les franchir. Alors, sortir de chez soi,  demande de s’armer de courage. Ce qui n’est pas normal…

Peut-on parler de justice lorsque des besoins aussi quotidiens dépendent du bon vouloir de son entourage, des autres? 

En l’absence de conditions publiques adéquates, les personnes vivant avec des déficiences sont handicapées dans leur accès à l’espace public. 

Comment justifier, par exemple, qu’il n’y ait qu’une seule école, d’enseignement classique, qui soit accessible aux élèves en fauteuil roulant, dans la ville de Namur ? L’enseignement dit spécialisé est, pour beaucoup de personnes porteuses de déficiences, la seule option. Assez tôt, elles sont séparées du reste de la population, et ne vont se rencontrer qu’à de rares occasions. Par exemple, lorsque les dits « plus faibles », ont besoin d’aide pour surmonter des obstacles physiques. 

A Bath, le fauteuil roulant est un détail car il n’y a,  dans l’espace public, pas d’obstacle accentuant la dépendance des personnes porteuses de déficiences. Le déplacement et l’accès à l’espace public ne dépend pas nécessairement du bon vouloir d’une tierce personne. Durant un stage dans l’enseignement à Manchester, j’ai pu remarquer que pour les élèves, il n’y avait rien de surprenant à avoir une stagiaire en fauteuil roulant. J’y ai appris que plus les écoles mettent en place ce qu’il faut pour accueillir les spécificités présentes dans la population, plus elles sont soutenues par l’Etat. J’y ai également appris que les lieux publics ayant des obstacles y sont rares car ils vont à l’encontre des lois du pays.Nous vieillissons tous et avec la vieillesse, vient la découverte des limites de notre corps. Rendons la vieillesse plus facile à vivre, en faisant en sorte que nos lieux soient accessibles à tous. Recueillir les témoignages des personnes en situation de handicap ou s’en rappeler durant la journée de sensibilisation au handicap n’est pas suffisant pour parvenir au changement.