Maroun Labaki (président du Conseil d’administration de BX1)
 
 
 
 

Techniquement, je ne suis plus journaliste. Mais cesse-t-on jamais de l’être ? Journaliste, c’est un état d’esprit. C’est être curieux de tout, établir des liens entre les choses, douter de tout, aimer les gens, etc. Journaliste, c’est aussi un engagement. C’est informer, aider à comprendre la complexité du monde, alimenter le débat public, etc.

On parle toujours d’« objectivité ». Je n’y crois pas. Elle est impossible, parce que chacune et chacun voit avec ses yeux, à travers les lentilles de son histoire personnelle. Il faut cependant tenter d’aller au plus près de la réalité, qu’on l’aime ou pas. Et surtout ne jamais tricher avec elle. C’est facile : quand on triche, on sait qu’on triche.

J’ai pratiqué ce magnifique métier pendant près de quarante ans. Principalement au journal Le Soir, où je me suis spécialisé dans les affaires européennes, et où j’ai été notamment chef du service Monde.

En 2019, j’étais journaliste indépendant. Les hasards de la vie ont fait qu’Ecolo – par la voix de Zakia Khattabi – m’a alors demandé si cela m’intéresserait de me présenter comme « candidat d’ouverture » sur sa liste fédérale à Bruxelles. Et j’ai accepté avec joie. Mon engagement pour un monde meilleur prenait une autre tournure…

Peu après les élections, j’ai décidé de devenir pleinement membre d’Ecolo et de poursuivre l’aventure démocratique entamée lors de la campagne. Quelques mois plus tard, je prenais la présidence de BX1, qu’Ecolo avait obtenue dans le cadre des négociations au sein de la nouvelle majorité bruxelloise. Là aussi, j’ai accepté avec joie.

BX1 est une pépite. Bien sûr, c’est de l’info régionale, c’est du journalisme régional, mais c’est du journalisme régional de qualité. C’est de la bonne culture. C’est de la précieuse éducation permanente. C’est du service public bien compris. Et ça marche très bien ! En 2022, la webradio BX1 – oui, il y a également une radio BX1 – passera en DAB+, et, en 2023, nous déménagerons vers le « Frame », notre tout nouveau bâtiment, actuellement en construction au boulevard Reyers…

Aujourd’hui plus que jamais, le maintien d’un journalisme de qualité est indispensable, vital même. Je suis de ceux qui pensent que les réseaux sociaux ont fait plus de mal que de bien à nos sociétés. Mais ça se discute, évidemment. Il faut toujours accepter le débat, dans le respect, et essayer de convaincre. De ma vie de journaliste, je retiens certainement ceci : les gens qui ne pensent pas comme moi sont largement comme moi, ils sont très souvent de bonne foi, ils ont des peurs légitimes, ils se lèvent le matin en pensant avec amour à leurs enfants, etc.

J’ajoute que de nombreux médias traditionnels ont déserté le combat de la qualité et creusé leur propre tombe. Ce fut la course à la facilité… Résultat de la percée des uns et de la déglingue des autres : nous vivons à présent un inquiétant retour de la rumeur ! Voilà pourquoi je suis heureux de veiller sur BX1, et sur son indépendance.

Pour le reste, je suis aussi depuis le début de cette année conseiller au cabinet du vice-Premier ministre et ministre de la Mobilité, Georges Gilkinet. Au plus haut niveau de l’Etat fédéral belge, Georges incarne le monde meilleur, apaisé, que je veux voir advenir.

 

Olenka Czarnocki (militante saint-gilloise)  

 

Les médias, il ne faut jamais croire ce qu’ils disent », voilà le genre de phrase que j’entends souvent en classe. Je suis prof dans le secondaire qualifiant depuis 2014, lorsque, après les élections, j’avais quitté mon poste de conseillère à la régionale Ecolo de Bruxelles. Depuis sept ans donc, j’enseigne l’histoire et le cours de philo et citoyenneté.

Je ne donne pas de chapitre spécifique sur « l’éducation aux médias ». Indirectement pourtant, je pense contribuer à un éveil critique de l’information. Déjà, dans les compétences prévues dans mes cours. En histoire, on travaille constamment sur la critique historique des documents : de quoi s’agit-il, qui a produit le document, dans quel but ? En philo, un des chapitres traite de la question de la vérité : qu’est-ce que la vérité, comment l’atteindre, comment vérifier son adéquation avec la réalité ?  

Je tente aussi d’éveiller à la critique en dehors des programmes de cours.

Pendant le premier confinement par exemple, j’avais créé une vidéo « complotiste » à destination de mes élèves. Par la suite, les élèves étaient amenés à créer leur propre thèse complotiste. Cet exercice, dont vous trouverez un autre exemple ici, c’est une façon de connaître les codes des théories du complot, et donc de les débusquer plus aisément.

Parfois, je choisis de réagir sur le vif lorsqu’une actualité fait réagir les élèves. Je note alors au tableau les informations que j’entends, en distinguant les faits avérés, les faits supposés, les causes, les conséquences attendues, les questions que cela soulève.  Cela permet déjà de faire le tri, d’éventuellement aller sur un site de factchecking pour tenter de distinguer le vrai du faux.

Inviter les médias pour couvrir un événement en classe, c’est aussi une approche intéressante pour analyser de l’information. Car après, outre le fait que les élèves se sentent valorisée.e.s d’avoir intéressé un média, on écoute la séquence où on lit l’article dans lequel les élèves apparaissent. Ils et elles prennent alors conscience du prisme choisi par les journalistes et peuvent aisément voir en quoi l’info correspond ou non à la réalité telle qu’iels l’ont vécue.

Enfin, une manière de lutter contre les fausses informations, c’est de reconnaître que, dans l’histoire, il y a eu des « vrais faux », des réels complots qui ont été débusqués, des réelles falsifications de preuves. Pas plus tard que ce mercredi 24 novembre, j’ai visité avec deux classes l’expo « Fake For Real »,  qui traite de tous ces faux et contrefaçons. D’ailleurs, je vous la recommande vivement !