Mariam El Hamidine, Bourgmestre Faisant Fonction de la commune de Forest

 

 

 

En tant qu’échevine, tu as pu travailler pendant quelques années sur la question de l’égalité en général, pourquoi avoir choisi cette matière/pourquoi c’est un combat politique important pour toi ?

Selon moi, la question de l’égalité doit être envisagée comme une thématique transversale, présente dans l’ensemble des compétences communales : l’aménagement des espaces publics, des services communaux, des écoles, des commerces ou encore des infrastructures sportives. Chacune et chacun a le droit de s’y sentir bien accueilli.e et en sécurité.

En 2012, lors de mon premier mandat, j’ai voulu immédiatement réunir l’ensemble du Collège pour les sensibiliser aux questions d’égalité. Nous ne pouvions avancer efficacement que si c’était l’affaire de toutes et tous. Chacun de nos projets, chacune de nos actions doit être envisagé.e à travers le prisme de l’accueil des différences.

 

De quelles réalisations à destination des personnes de la communauté LGBTQ+ es-tu le plus fière ?

J’aurais envie d’en relever trois.

La première, ce sont les formations élaborées pour les agents communaux, en collaboration avec la Rainbow House. Je savais que certains agents avaient déjà subi des remarques désobligeantes de la part de collègues quant à leur orientation sexuelle. Et je n’aurai pas toléré que des Forestoises ou des Forestois connaissent des difficultés à accéder à nos services ou y soient mal accueilli.e.s. J’ai donc proposé aux agents communaux – quel que soit le service auquel ils appartenaient- qui le souhaitaient de s’inscrire à ces formations. Je reste persuadée que lorsque les personnes qui accueillent les citoyen.ne.s LGBTQ+ sont elles-mêmes sensibilisées aux difficultés rencontrées par ces personnes, l’accueil ne peut être qu’amélioré. Les dernières formations ont eu lieu quelques mois avant la pandémie, et j’espère qu’elles pourront reprendre rapidement lorsque la situation sanitaire s’améliorera. Un groupe de réflexion « diversité » a également été créé grâce à la collaboration de membres du personnel. Leur job, entre autres, est de faire remonter des points d’attention auprès de leurs chefs de service. Un paragraphe concernant la politique de diversité a également été ajouté à chacune de nos offres d’emplois.

La deuxième, c’est notre magazine Amour et Sagesse. Ecrit par et pour les Seniors. Le dernier numéro est consacré à la sexualité des seniors et l’on peut y lire un beau témoignage sur la rencontre d’un couple homosexuel (https://amouretsagesse.be/wp-content/uploads/2021/03/WEB-AmouretSagesse-N7-210315.pdf).

La sexualité des personnes âgées reste encore taboue, et cela me semble important de la visibiliser.

Enfin, je reste émue en repensant à la toute première fois où j’ai voulu hisser le drapeau LGBTQ+ devant l’hôtel communal. C’était en 2013. Les réactions n’ont pas toutes été positives. Cela n’a fait que renforcer ma conviction qu’il fallait continuer à sensibiliser sur la question de l’égalité.

 

En tant que Bourgmestre faisant fonction, quelle ambition as-tu pour faire de Forest une commune (encore plus) rainbow-friendly ?

Très honnêtement, je ne suis pas très à l’aise avec les catégories « Rainbow friendly », « seniors friendly », « jeunes friendly »… Selon moi, il est plus efficace d’envisager l’égalité comme étant une thématique transversale à l’ensemble de nos projets et de nos politiques. Je souhaite éviter les catégorisations. Ce qui me semble important, c’est de ne laisser aucune brèche s’installer, aussi infime soit-elle, et d’agir immédiatement lorsque l’on constate une parole offensante ou un acte discriminant. Personne ne doit être montré du doigt lorsqu’il vient travailler ou qu’il se balade en rue. Pour moi, il faut pratiquer la tolérance zéro plutôt que de créer des espaces « friendly »

 

 

 

 

 

Françoise De Halleux, Echevine de l’Egalité des genres et diversité, de la Santé et de la Transition écologique à la commune d’Etterbeek

 

 

Pourquoi avoir choisi les matières en lien avec l’égalité et la défense des groupes minorisés ?

Sous l’échevinat précédent, le portefeuille se nommait «égalité femmes-hommes », j’ai voulu changer cela pour élargir à l’ensemble des discriminations que peuvent subir les individus qui ne correspondent pas à la norme dominante. Si le sexisme est très présent dans votre société, le racisme, la grossophobie mais aussi évidemment la queerophobie le sont aussi, et sont le symptômes d’un même système de domination. C’est le même rapport de pouvoir qui s’exprime et qui crée des violences structurelles.

Mon idéal, c’est de participer à un changement de société qui la rende beaucoup moins pyramidale et qui fasse droit à la collaboration des différents points de vue et vécus.

Quelles sont les réalisations de sensibilisation à la cause LGTBQIA+ ou à destination de ce public, dont tu es la plus fière ?

L’apéro arc-en-ciel organisé en juin 2019 à l’occasion de l’anniversaire des émeutes de Stonewall. L’objectif était de créer un moment de convivialité pour les personnes concernées à Etterbeek et mettre un coup de projecteur sur le travail précieux des associations ainsi que les contributions historiques et sociales de la communauté queer. On a pu y aborder pleins de sujets comme la fluidité du genre, la transidentité des jeunes et des enfants, la santé sexuelle et mentale, l’homoparentalité, la lutte contre les discriminations, etc.

C’était vraiment super de pouvoir féliciter ces associations pour le travail et visibiliser encore une fois les violences que subissent les personnes LGBTQIA+

Dans les réalisations futures, j’ai obtenu un accord du Collège pour travailler l’année prochaine dans les écoles secondaires du territoire communal sur ces questions d’identité de genre et d’orientation sexuelle. Tout au long de l’année, il y aura des interventions dans ces écoles pour sensibiliser les ados à tout cela.

Quelle est ta vision pour rendre Etterbeek (encore plus) rainbow-friendly ?

Ma vision vaut autant pour Etterbeek que pour le reste de la société.

La première chose, c’est de permettre à tous et à toutes d’ouvrir les yeux sur les privilèges que la société confère aux personnes cisgenres et/ou hétérosexuelles.

Deuxièmement, il s’agit de sensibiliser, d’éduquer et de former à l’inclusion et la lutte contre les stéréotypes.

Troisièmement, il faut mettre en place des structures d’accueil et d’accompagnement des victimes.

Et enfin, mais cela ne relève pas vraiment des compétences communales, il y a lieu de renforcer et mettre à jour l’arsenal législatif pour mieux lutter contre les violences et les discriminations queerophobes.